Mise au jour d'une plateforme de tir : un vaste chantier et un partenariat réussi

La batterie française de l'épi des Arros disposait, jusqu'à son remaniement par les Allemands, de quatre emplacements bétonnés supportant les pièces d'artillerie de marine montées sur affûts. Nous connaissions l'emplacement de l'une de ces structures grâce à des photos d'archives mais rien n'était visible sur le site...
Des sondages, puis un décaissement complet de la zone archéologique ont permis la mise au jour de cet ouvrage qui est désormais visible et enrichit la visite du site de la batterie.
Cette découverte a été rapportée par différents organes de presse mais nous déplorons l'inexactitude de certains propos ainsi que des erreurs commises par les rédactions. Cet article est donc l'occasion de corriger tout cela et de retracer le déroulement exact des opérations tout en réattribuant ce qui a été réalisé aux réels intervenants... Un courrier correctif avait été adressé au responsable de l'une de ces parutions erronées mais il n'a, semble-t-il, pas jugé utile de publier un erratum !
Les lignes qui suivent constituent donc la seule publication officielle, et juste, de la mise au jour de cette plateforme d'artillerie...

L'ouvrage situé devant l'embrasure de la casemate numérotée M30 est recouvert d'une couche de sable dépassant par endroits les 60 centimètres et nous n'en connaissons ni les dimensions, ni sa distance exacte. Une première phase de sondages qui s'avère donc nécessaire afin de localiser une portion de dalle bétonnée est entreprise par Jean-Paul Lescorce et Hervé Dejoux... et après quelques tentatives infructueuses, du béton à la surface bouchardée apparaît enfin. Le type de finition appliquée à cette dalle présente les caractéristiques d'une réalisation française d'avant-guerre et l'objet des recherches serait en partie localisé. Mais de nouvelles prospections en périphérie sont à mener pour écarter l'éventualité d'un simple débris... 


Vue de la casemate et du premier sondage réalisé par MM Lescorce et Dejoux.


La plateforme française est bien localisée...

La prospection par sondages permet de dégager des portions significatives de la plateforme et confirme que les vestiges découverts font bien partie de l'ouvrage datant de la batterie d'origine, ceci étant appuyé par la présence de palplanches ceinturant la dalle. 

Dalle bouchardée, palplanches...
En nous basant sur l'arc de cercle esquissé par les quelques portions dégagées partiellement, le périmètre peut être évalué et la zone de fouilles délimitée...


Décapage mécanique, mais...

La zone de fouilles représentant une surface de 160 mètres carrés, l'intervention d'un tractopelle s'est naturellement imposée et l'AHPNM a financé cette opération. Toutefois, n'ayant qu'une vision partielle des vestiges et ignorant l'état de conservation des éléments encore sous le sable, notamment pour les alvéoles destinées au stockage des munitions de la pièce d'artillerie, le décapage a été limité en épaisseur afin de ne pas atteindre la couche archéologique. 


Après une première couche de sable évacuée...

Poursuite de la fouille manuellement...

La poursuite du chantier a été confiée au groupe archéologique de La Forteresse Gironde Sud. Hervé Dejoux et son équipe ont alors déblayé petit à petit l'intégralité de la plateforme bétonnée et ses abords immédiats, en évacuant les dizaines de mètre cubes de sable sur le flanc ouest de la dune. 




Ce n'est qu'après huit journées de travail et plus de 800 brouettes que cet élément important de la batterie de la marine française d'avant-guerre a été intégralement dégagé.
Quant à la partie arrière attenante qui correspondait aux soutes à munitions, la fouille a révélé qu'elle avait été démolie au moment de la construction de la casemate allemande en 1943.



Après nettoyage, la ceinture de palplanches, l'anneau en béton comportant une rigole pour l'évacuation des eaux pluviales et quelques rares vestiges des caissons métalliques qui constituaient la partie centrale supportant l'affût de la pièce de 164,7 mm apparaissent clairement.

Les éléments en béton visibles en son centre semblent provenir de la démolition de la clôture qui protégeait une concession du Centre d'Essais des Landes qui a occupé cette partie du site durant quelques années.



Pour plus d'informations concernant ce chantier ou sur les activités de notre partenaire, suivez ce lien :  La Forteresse Gironde Sud 


Nous remercions l'Office National des Forêts pour l'autorisation qui nous a été délivrée ainsi que pour leurs interventions qui ont consisté à extraire certains gravats du site, mais également à stabiliser la dune pour limiter l'ensablement des vestiges mis au jour. Nous remercions aussi les quelques promeneurs qui ont soutenu l'équipe archéologique par leurs encouragements lors des premières journées de déblaiement, sous 30° au cours d'un mois de septembre particulièrement ensoleillé.

Publié par l'équipe AHPNM.