Dans le cadre des recherches poursuivies sur le terrain, et en archives, pour parfaire la connaissance du site de la batterie des Arros, un élément important de la première batterie réalisée avant-guerre manquait à l'appel et plus aucun reste de cet ouvrage n'émerge aujourd'hui du plateau dunaire...
Une étude menée par notre partenaire, le groupe archéologique de la Forteresse Gironde Sud nous a permis de combler cette lacune...
Nous ne connaissions pas l'emplacement exact, ni ce qu'il était advenu de l'abri pour projecteur de 150 cm, réalisé sur la partie nord du site, en même temps que les autres constructions de la batterie entre 1938 et 1939.
Partant de rares photos d'archives, l'équipe archéologique a reporté un quadrillage sur des vues aériennes actuelles et a déterminé des coordonnées GPS devant correspondre à l'emplacement de l'abri. Après deux sondages réalisés sur le plateau dunaire s'avérant infructueux, un troisième a permis d'atteindre une dalle en béton à près d'un mètre de profondeur...
Les recherches sur le terrain ont été menées sous la conduite du groupe archéologique et avec une autorisation préalablement demandée à l'agent de l'Office National des Forêts.
Les seules données connues sur cet ouvrage :
Abri en béton mesurant 4 mètres sur 6 avec une plateforme attenante, orientée nord/sud et mesurant 6 mètres de large pour une longueur de 21 mètres et de terminant en arrondi, pour le déplacement et le positionnement du projecteur destiné à éclairer les abords de l'estuaire de la Gironde côté rive sud.En suivant par sondages la dalle béton évoquée précédemment, des portions de murs arasés d'une soixantaine de centimètres de hauteur ont été mis au jour. Ces restes de maçonnerie présentaient des traces de peinture de camouflage deux tons. Convaincue alors d'avoir trouvé l'abri recherché, l'équipe archéologique a sondé le plateau dunaire en différents points susceptibles de correspondre au plan et aux dimensions de l'ouvrage, afin de borner le terrain en vue d'un premier décaissement au tractopelle.
Parallèlement, l'emplacement de la plateforme extérieure a également été sondé, ce qui a révélé que les 4 ou 5 derniers mètres (les plus au nord) avaient été détruits.
Après l'intervention délicate, en raison de la fragilité de certains vestiges, de l'engin de chantier aimablement prêté et conduit par le service technique de la mairie du Verdon-sur-mer, l'équipe archéologique de la FGS et des membres de l'AHPNM ont poursuivi manuellement le dégagement des structures afin de permettre d'en prendre les cotes et d'étudier l'ouvrage mis au jour.
Résultats et constatations :
Cet abri disposant de murs en béton, mais de faible épaisseur, et construit pour abriter le projecteur de la batterie française a été remanié par l'occupant allemand. Sa vaste entrée d'origine a été partiellement murée pour ne conserver qu'un accès pour du personnel. D'autre part, le local a été cloisonné pour le diviser en deux salles de dimensions à peu près égales et la dalle bétonnée a été recouverte de carreaux noir bitumeux, carrelage typique des bunkers allemands abritant du personnel.L'un des murs porteurs comporte des vestiges de fixations sur sa face intérieure qui pourraient correspondre à des supports de lits repliables, tels que ceux utilisés dans les abris et visibles dans certains bunkers du site.
Ces différents éléments observés nous amènent vers l'hypothèse d'un réaménagement de cet abri, postérieur à la construction du nouvel abri allemand pour projecteur, le Fl277, afin de le transformer en abri à personnel.
Du fait de son niveau de protection limité par rapport aux ouvrages allemands ayant la même fonction, mais disposant de murs et de toit de 2 mètres d'épaisseur de béton armé, il est permis d'envisager que cet abri remanié n'a eu qu'une utilisation limitée dans le temps... peut-être pour le logement de personnel durant les travaux de construction de l'année 1943...
Quant à la destruction partielle de la plateforme extérieure que nous avons évoquée, elle pourrait être l'oeuvre de l'occupant puisque la partie manquante semble se trouver sur le tracé du chemin reliant le nouvel abri pour projecteur et la cuve réalisée pour supporter ce matériel. Le rapprochement des relevés de terrain et des vues aériennes d'archives étudiées nous ont amenés à cette conclusion.
Aujourd'hui, ces vestiges ne sont plus visibles et se trouvent protégés par l'épaisse couche de sable qui les avait préservés jusqu'à notre intervention.
Nous nous étions par ailleurs engagés vis à vis de l'Office National des Forêts à remblayer la zone de fouilles aussitôt notre étude achevée afin de rendre à la dune son aspect initial.
Pour plus d'informations concernant ce chantier ou sur les activités de notre partenaire, suivez ce lien : La Forteresse Gironde Sud
Publié par Hervé DEJOUX